mardi 29 octobre 2013

Les premier seront les premiers.


Martin 1er et moi

À l'époque où je faisais des tournées avec mon premier spectacle d'humour, je suis entres autres allée donner un spectacle dans la ville natale de mon premier. Vous savez, le premier comme dans... le premier à, le premier qui...

Peu importe j'avais quel âge et c'était qui (non mais tsé au cas où ça prenne à quelqu'un de demander) c'était mon premier et le premier on ne l'oublie jamais. D'autant plus qu'il avait été le meilleur premier que je pouvais espérer. Vraiment, et là je ne parle pas de performance, parce que tsé avec le premier, t'as comme pas de référence. La barre après lui n'est ni haute ni basse, elle vient juste d'apparaître.

Il a été le meilleur dans le sens ou il ne m'a pas mis de pression, ne m'a pas fait de chantage émotif du genre Si tu m'aimais tu le ferais et il a attendu que ce soit moi qui veuille vraiment. Il a pris son temps, il a été doux, il a fait de ma première fois une expérience tout sauf traumatisante, il m'a même donné hâte à ma deuxième fois (avec lui, ben oui!) alors oui, il méritait son titre de premier.



Je l'avais rencontré durant l'été, pendant un voyage familial en Gaspésie, et on était rapidement tombés en amour comme seul on sait le faire à cet âge là : Immensément, profondément, aveuglément, tellement-tellement et un peu gnan gnan en passant. À cet âge-là tu tombes en amour version chute libre. On a passé deux semaines à se voir en catimini et à se donner des bisous en cachette, tout ça entre-coupé de câlins de plus en plus coquins. Les hormones dans le tapis, ça sentait de plus en plus le third base comme disent les anglos. C'était la première fois que j'avais autant de fun en Gaspésie, j'étais complètement gaga de lui, c'est pas mêlant, je le voyais dans ma soupe aux clams! Imaginez : Un beau grand gars véliplanchiste, 6'2'', 200 livres, que du muscle, un sportif coupé au couteau avec un accent presque digne de la Sagouine, la jeune moi avait été charmée. J'ai d'ailleurs toujours ce faible pour les accents et les grands. Ils ne sont pas obligés de faire de la planche à voile par contre.

Presque comme dans mon film préféré de l'époque, on s'est quittés sur la plage en se promettant de se revoir mais, à ma grande surprise et contrairement à Danny Zucko, lui, il le pensait vraiment ! En effet, deux semaines après mon retour dans la grand-ville, il est parti de sa péninsule, sur le pouce, pour venir me visiter à mon chalet, une heure plus loin que Montréal. L'équivalent de près de 14 heures de route! Tsé quand tu dis qu'un gars voulait, ben le gars voulait et me voulait. Pas pour rien qu'aujourd'hui j'ai envie qu'on me fasse sentir spéciale, on m'y a habituée ben trop tôt! Ça fait que quand un gars calcule c'est où le milieu entre chez lui et chez nous pour qu'on se rencontre, bien qu'il en ait le droit, mettons que je pousse un soupir intérieur...

Tout ça pour dire qu'il y a quelques années, alors que j'étais dans son patelin, je me suis informée sur lui, histoire de savoir s'il habitait toujours le coin. Vous le savez, une fille, c'est constitué à 65% d'eau et à au moins 25% de curiosité. J'ai donc rapidement demandé en me disant que dans les petits endroits comme celui qu'il habitait, tout le monde se connaît ou presque. Pour simplifier, appelons mon premier Martin. Martin premier. Tsé ça fait hot. Comme quand je dis Miss De Marde. Ça donne de la gloire à ce qui n'en a pas vraiment.

Donc, après un de mes shows, je m'informe, probablement au gars du son, ils sont généralement fort sympathiques, allez savoir pourquoi :

" Dis donc, Martin Premier, ça te dis quelque chose?
- Ben oui! Tout le monde connaît Martin!
- Ah bon? Il habite toujours ici?
- Ben non, ça fait un bout qu'yé parti!

Je l'avoue j'ai été déçue mais j'ai pas eu le temps de commencer à faire une baboune qu'il rajoute :

- Mais y'a déménagé à St-Machin-Chouette, c'est juste à 15 minutes d'ici.
- Ah bon? Et... et il va bien?
- Ben certain! Marié, 4 enfants, un maudit bon gars Martin! Il tient le magasin de Patentes & Gogosses à St-Machin-Chouette sur le Boulevard GrandRue. Va le voir! Il va être content!"

J'ai remercié Monsieur Son et je suis rentrée à ma chambre en faisant semblant de pas y penser. Mais le lendemain, ça a été plus fort que moi, je me suis rendue à la place en question.

J'ai passé au moins 20 minutes assise dans ma voiture devant le magasin à me dire ira, ira pas. À faire le saut chaque fois que la porte ouvrait. J'avais envie de le voir mais en même temps... ben non. Pour quoi faire au juste?

Plus de 20 ans et 650 kilomètres nous séparaient. Dans mon souvenir, c'était un beau grand gars de 18 ans bâti comme une armoire à glace. Quand j'y pensais, j'avais encore de grands frissons. Est-ce que j'avais réellement envie de remplacer ça par un homme de 45 ans, peut être cute, mais tout aussi probablement bedonnant et chauve? Et pour lui dire quoi?

Et lui, est-ce qu'il avait envie de me revoir? Peut-être pas! Et sa femme encore moins probablement! La grande blonde de Montréal avec ses shows pis sa grande gueule, ça fait peur à des femmes du 514, pas convaincue que ça soir bien différent dans le 1-418. Une ex de toute façon, c'est un ex, on n'aime pas ou peu, d'office. Ben ben rare que la femme actuelle dise : Oh c'est ben l'fun que tu la revoies mon chéri, invite la à souper!Je ne voudrais pas mettre qui que ce soit dans l'embarras ou déterrer des malaises des décennies plus tard.


Finalement, j'ai décidé de partir et de laisser mon souvenir intact. Martin Premier aura 18 ans, un accent à couper à la chain saw et corps musclé et basané jusqu'à la fin des temps dans mon esprit. Je ne regrette pas. Y'a des souvenirs qu'il vaut mieux ne pas altérer je crois. Surtout quand ils sont beaux. Et encore plus quand on a le don de se sculpter des souvenirs dans de la marde plus souvent qu'à son tour.

Merci Martin Premier pour un été mémorable.

6 commentaires:

  1. Moi ça été Philippe 1er. La vie a fait que nous nous sommes revus près de 20 ans plus tard parce que j'étais au service à la clientèle pour une boite de logiciels informatiques et que lui, était le chef du département informatique pour un institut utilisant le dit logiciel. Il m'a appelé pour un bug et paf! J'ai reconnu sa voix tout de suite. Il était d'origine belge mais vivait au Nouveau-Brunswick à l'époque, l'époque terriblement romantique ou le beau Roch Voisine chantait sa belle Hélène. Pas besoin de te dire que la table était mise à l'époque pour tomber sous le charme....

    Bref, revenons-en à mon Philippe 1er qui revenait dans ma mémoire auditive 20 ans plus tard comme un autobus qui vous frappe de plein fouet. Dans les deux cas, tu t'assures d'avoir mis des bobettes propres comme dirait ma grand-maman.

    Il a voulu me voir. Et j'ai accepté. Pendant le trajet, je l'imaginais comme toi tu imaginais ton Martin. Plus rond, plus chauve, plus ridée, moins d'accent charmeur, moins de parfum affriolant, bref je le déconstruisait pour mieux l'accepter dans sa nouvelle réalité.

    Bien c'est là que le 2e coup a frappé solide. On aurait dit qu'il était atteint du syndrôme de Benjamin Button ou qu'Adam Sandler l'avait mis sur pause avec sa super manette Clic. Il était plus beau que dans mon souvenir, plus charmant encore, plus marié et plus père de 4 garçons aussi...mais bon...il y a des détails sur lesquels ont choisi d'aimer faire un peu l'autruche non?

    Rebref, nous avons été pique-niquer ensemble sur l'Ile-des-Soeurs comme dans le temps. C'était l'automne. L'air du fleuve goutait la mélancolie. Les saules pleureurs semblaient reprendre les bribes de notre jeunesse dans ses feuilles. Pour peu, on entendait encore Renaud nous chanter son Mistral Gagnant comme Philippe aimait tant me le chanter.

    À ce moment, comme toi, j'ai été mise devant un choix. Je pouvais retourner à cette saveur du passé en un claquement de doigt mais, j'avais aussi le choix de laisser tout intact et de marcher résolument vers l'avant. Ce que j'ai choisi.

    Je me suis tout de même offert un dernier baiser, question d'avoir un peu de réserve de bonheur féérique lorsque la vie me servira des plateaux de situations amères et tristes.

    Merci pour ton texte qui m'a replongé dans ces moments tendres. Merci aussi à Philippe 1er pour sa voix, ses mots et ma première fois sous une imprimante GSX-140 dans un bureau d'avocats du vieux Longueuil!...LOL (tout ne pouvait pas être si parfait!!)

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  2. Oh Wow Julie, j'adore toute ton histoire et tout particulièrement le fait que toi, tu as osé!!! Et choisis de continuer de marcher droit devant malgré tout, t'es hot :)
    Merci d'avoir partggé de bout de premier avec nous :))

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  3. Ça me fait plaisir! Mais, c'était à double tranchant mon partage...On dirait que je viens de faire une résurrection mnémonique ! (genre que j'ai réveillée ma mémoire et que là j'écoute Renaud en braillant....)....:)

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  4. LOL non non fais pas ça! Et n'écoute pas du Adèle non plus!!!! :)

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  5. Someone Like youuuuuu...wouhhouuuu! À quelle heure on a le droit d'ouvrir une bouteille de porto déjà?

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  6. Yé toujours 17h quelque part :) Mets-les dans des shooters en chocolat, ça passe mieux lol!

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